vendredi 23 décembre 2011

I think it's gonna rain when I die

Spinoza disait de la musique qu'elle est bonne pour le Mélancolique, mauvaise pour le Malheureux, mais qu'elle n'est ni bonne ni mauvaise pour le sourd (cf. Ethique de la servitude humaine). Mais mes compagnons, ne vaut-il pas mieux être Mélancolique dans ce cas ? Peut-être. Mais c'est parfois la musique que nous apprécions qui nous rend ainsi. Qui peut savoir la chose qui entraîne l'autre ? Personne ne le peut, car personne ne peut se connaître avant d'avoir écouter.







Mais les admirateurs d'Alice In Chains savent sûrement de quoi je parle. Ce groupe, mené par Layne Staley, batteur refoulé, chanteur assuré, homme torturé. Ce groupe de grunge, ou de metal, peu importe. Ce groupe à la musique capable de vous atteindre au plus profond de votre crâne, de vos entrailles, de vos oreilles. Qui vous arrache une larme, un cri, un coup. Oh oui, les admirateurs de ce groupe savent bien de quoi je parle. Car tous ont un jour passé un moment, seul, à écouter la voix magnifique de Layne Staley. Et aucun n'en est sorti indemne.

Et si jamais vous n'avez jamais été touchés par cette guitare folle, cette batterie agressive, cette basse simplement tueuse, par ces chansons poétiques et chaotiques, tantôt chantées, tantôt hurlées par le malheureux et suicidaire Staley, vous ne pouvez prétendre admirer la musique.






  Bien trop souvent, c'est l'album Alice In Chains qui est considéré comme le meilleur. Je dirais qu'il n'est qu'une évolution - très intéressante il est vrai - de ce qu'étaient les véritables bijoux du groupe : Facelift et ses incroyables "Man In The Box" et "Love, Hate, Love" aux textes durs, démonstrations de la beauté vocale de Staley ; et Dirt, apogée du groupe avec les incontournables et toujours aussi touchantes "Would ?", "Rooster" et "Them Bones". Dirt est l'album du génie d'Alice in Chains, et Alice in Chains n'est que sa confirmation. A souligner, par ailleurs, le cover de ce dernier, qui intrigue et gène, qui nous emprisonne dans une réflexion des plus banales : pourquoi ce n'a-t-il que trois pattes ? Question banale vous dis-je, mais je n'ai toujours pas de réponse.


Terminons par là. Par un point négatif. Alice In Chains n'est plus. Alice In Chains n'est plus le groupe fantastique du temps des grands Unplugged (celui d'Alice in Chains valant bien de celui de Nirvana). Alice In Chains ne touche plus, et Alice In Chains n'a plus d'identité. triste dessein, pour des génies.

samedi 17 décembre 2011

21st century schizoid man













L'admiration est là bien avant l'ouverture du boitier. Déjà devant la pochette de In The Court Of The Crimson King, les pupilles se dilatent, la bouche salive, les poumons crachent et le sexe s'excite. Et l'image n'est pas si abusive. Et l'être de l'auditeur ne met que très peu de temps à ressembler à la créature représentée sur le devant du trésor.

King Crimson, perle du Rock Progressif, du Art Rock, de l'Acid-Jazz-Rock... l'industrie peut qualifier le roi comme elle le souhaite. Nous la nommerons ici "Merveille", car il n'y a que très peu de morceaux, dans la musique moderne, capable d'atteindre un degré si élevé d'extase sonore. 
Et c'est dès la première piste que nous commençons à nous taper contre les murs. King Crimson joue 21st Century Schizoid Man. Le Roi nous laisse d'abord dans l'excitation qu'a provoqué la découverte de l'album, nous fait languir pendant quelques longues secondes en ce début de chanson. Puis l'orgasme vient dès la troisième note. Les enceintes explosent, et les yeux sortent de leurs orbites. C'est alors pendant environ sept minutes de plaisir que notre corps possédé et notre esprit dans un état second se confondent avec les bruits musicaux de cette musique inqualifiable. Puis ne reste que les radiations ce cette première chanson. Et nous voilà alors dans un autre monde pendant un quart d'heure. Nous reposant du voyage agité dans la plus haute extase musicale. Deux chansons où nous sommes dans un monde encore différent, calme et reposant. Puis enfin, la torpeur du commencement revient en la dernière piste pour achever ce qu'il reste de notre conception de l'art sonore. 

King Crimson est incontestablement un regroupement de fous. Mais comme le disait un grand homme, peu de choses séparent le fou du génie. Cette œuvre en est la preuve.





Existence, well what does it matter ?

Quoi de mieux, compagnons que d'entamer notre périple en ce point. Ce point qui chamboula l'existence de milliers d'individus en notre piètre commun des mortels. Ces points, au nombres de trois à vrai dire, qui ponctuent les trois "i" de ce qui distingue le son de la musique. Quoi de mieux, compagnons, que de débuter avec Joy Division ?

Joy Division, ce regroupement merveilleux de quatre paumés qui ont créés la plus belle des osmoses musicales. Warsaw à l'origine, puis Joy Division dans la lancée, ils débutent leur voyage avec An Ideal For Living, joyau de ce qui s'appellera plus tard le "Post-Punk". Ces talentueux petits mancuniens, crachés par l'atmosphère industrielle et triste de leur ville natale, se saisissent des cœurs et des esprits un à un, grâce à l'énergie qui se dégage de leurs morceaux.

Mais, me direz-vous, pourquoi ce groupe ? Moi-même je me le suis demandé.

La première écoute de Joy Division est désagréable, malpropre et repoussante. Alors nous rangeons ce groupe, nous l'oublions, et nous retournons vivre. Puis, un jour de pluie, le cœur gonflé comme celui d'un romantique, les maîtres reviennent. Nous redécouvrons alors violemment cette voix si sombres et caverneuse, pleine de mélancolie et de folie qu'est celle de Ian Curtis. Nous redécouvrons cette guitare légère, à la fois agréable à écouter, mais dangereuse à sentir. Cette batterie complexe et lourde qui vous perce et vous déchire à chaque coup. Cette basse aiguë et mélodique qui vous arrache toute envie d'éteindre ce qui est en train de vous enterrer d'avantage. Nous redécouvrons Unknown Pleasure qui, comme nous l'annonce son nom, est l'album qui vous fait éprouver un plaisir que nul autre est capable de vous offrir : celui d’apprécier le désespoir.



<< Existence. Well, what does it matter ? I exist on the best terms I can. The past is now part of my future. The present is well out of hand. >>